Cheval Camargue

La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats

Extrait de l'histoire naturelle de Buffon (1707-1788)


Buffon, dans ces lignes admirables, nous rappelle l'inclination et le respect que l'homme a toujours éprouvés pour ce compagnon de combat, de travail ou de passion au fil des siècles.


En Camargue, très ancrés dans des traditions agricoles et pastorales, des hommes vouent à leurs chevaux, indispensables à leur survie et par une heureuse prédestination que l'élevage du taureau a maintenu jusqu'à nos jours, un véritable culte d'amour, plus vivace que jamais.


C'est pourquoi, non loin du village du Cailar, village reconnu comme étant la capitale de la Bouvine, face aux immenses étangs de cette petite Camargue, la mémoire locale rapporte qu'un cavalier, souhaitant rendre le plus beau des hommages à son compagnon, le fit enterrer droit, sellé, bridé, un trident à son côté, lui gardant pour l'éternité toute la fierté de sa race. Cette région immense, allant du Languedoc à la Provence, voue unanimement un soin et un respect indéfectibles à ce cheval Camargue.


D'après des ossements identiques, retrouvés en Saône et Loire, sur les bords de la mer quaternaire, en pleine région marécageuse, et après avoir suivi les rives du Rhône, il semblerait que le cheval Camargue est le digne descendant de ce cheval de Solutré, que son milieu avait façonné à son image. Comme aujourd'hui encore, les étendues sauvages et quasi-désertiques ou marécageuses de la Camargue gardent à cette race les mêmes traits originaux.


Face à une nature, où, au fil des saisons, sous les étoiles qui lui servent d'abri, se succèdent chaleur et glaciales intempéries, sa robustesse et sa résistance se sont mariées intimement pour donner à ce cheval cette endurance que les manadiers et les gardians lui reconnaissent dans l'activité essentielle qu'ils maintiennent grâce à eux : l'élevage du taureau.


La mécanisation des terres agricoles du Delta avait, en effet, menacé, ici comme ailleurs, l'existence même de certaines races de chevaux, payant d'une injuste disgrâce ces chevaux, si mal récompensés par l'oubli de leur immuable fidélité. Mais, les hommes, pour la plupart, ont su trouver l'heureuse alternative à ce progrès frustrant et l'élevage du taureau a fait du cheval Camargue, l'auxiliaire indispensable de cette activité.

Robuste, vif et rapide dans l'action, mais aussi rustique, par les rudes tâches qui lui étaient dévolues à l'origine, ce cheval Camargue est plus séduisant que jamais. Sa courte encolure, ses membres forts, son crin fourni et sa robe blanche, que l'on dit grise aussi, en font le compagnon idéal des Camarguais, comme des amoureux de grands espaces. Car, pour aborder cette nature sauvage, pour s'imprégner de ce silence le long des marais immenses, où seuls des bruits d'ailes ou le cri des taureaux se font entendre, le cheval Camargue sera votre meilleur guide, sinon, très bientôt, votre meilleur ami.

Bercé par le choc de ses sabots sur cette terre magnifique, entre ciel et eau, vous goûterez aux instants magiques, où tout devient éternité dans cette complicité étrange et si belle de l'homme et de l'animal.


Texte Annie Montagard

Chevaux blancs de Camargue courrant sur le sable

Promenade à cheval sur la plage


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